« N’envie pas les hommes libres de souffrance »

Hypérion – Hölderlin, 1799.

« Prends-moi comme je me donne, et songe qu’il est mieux de mourir parce qu’on a vécu, que de vivre parce qu’on n’a jamais vécu. N’envie pas les hommes libres de souffrance, les idoles de bois auxquelles rien ne manque, tant leur âme est pauvre, qui ne posent pas de questions sur la pluie et le soleil parce qu’elles n’ont rien qu’elles doivent cultiver.

Certes ! Certes ! il est tout à fait facile d’être heureux, d’être tranquille avec un coeur sans profondeur et un esprit borné. On peut bien vous en accorder la faveur, qui donc irait se fâcher que la cible de planches ne gémisse pas de douleur quand la flèche s’y fiche, ou que le pot creux rende un son si mat quand on le jette sur le mur ? Simplement, braves gens, il faut vous y faire, il faut même qu’en grand silence vous soyez étonnés de ne pas comprendre que d’autres ne soient pas si heureux, ne soient pas non plus si satisfaits d’eux-mêmes, vous devriez même vous garder de faire de votre sagesse une loi, car ce serait la fin du monde si l’on vous obéissait. »

(…)

« Etant moi-même converti, je ne voulais plus convertir quiconque, simplement j’étais triste chaque fois de constater que les hommes croyaient qu’en n’attaquant pas leurs vacations farcesques j’avouais estimer celles-ci, comme eux, au plus haut point. Je n’avais nulle envie particulière de m’assujettir à leur niaiserie, mais quand, je le pouvais, je cherchais à les ménager. Après tout, me disais-je, ça leur fait plaisir, ils vivent de cela. »

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s