
Le séminaire du collectif Malgré tout fera sa rentrée le mercredi 12 octobre à 20 h 30. Nous serons cette année encore accueillis par le Cedetim (Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale). Rendez-vous au 21 ter rue Voltaire – 75011 Paris.
Les réunions du séminaire ont lieu une fois par mois. La participation est libre et gratuite. Il est également possible de suivre les séances à distance. Le lien pour se connecter à la diffusion est communiqué 24 heures avant la réunion. En 2022, le séminaire se déroulera les : - Mercredi 12 octobre à 20 h 30 (présence + visio) - Mercredi 16 novembre à 20 h 30 (présence + visio) - Mercredi 14 décembre à 20 h 30 (présence + visio)
Axes de travail 2022/2023
Nous poursuivrons cette année notre séminaire « penser et agir dans la complexité » en partant des multiples expériences qui se développent dans les autres paradigmes que celui de la modernité.
Si pour les peuples originaires d’Amérique latine le défi actuel passe par la possibilité de préserver leurs modes de vie, pour les individus sérialisés des grandes villes (près de 60 % de la population mondiale) la question consiste à l’inverse à expérimenter d’autres façons de résister à la destruction néolibérale qui correspondent aussi à d’autres modes d’habiter la planète.
Dans sa vision dualiste du monde et de la culture, l’Occident a construit des « pratiques d’émancipation » qui sont restées piégées dans des approches verticales et européanocentrées. L’individu du monde occidental vit dans l’angoisse de cette « conscience malheureuse », fruit du déchirement entre son désir d’agir et l’expérience de son impuissance. L’air grave et solennel, il s’interroge : Que puis-je connaître ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Une grande partie de la pensée occidentale s’est enfermée dans ce qui lui apparaissait comme une aporie : puis-je seulement connaître autre chose en dehors de moi ? Comment puis-je affirmer l’existence d’un monde extérieur ou à l’inverse, m’est-il seulement permis de douter de l’objectivité du monde extérieur ?
Le paradigme de la modernité s’est construit sur cet alibi qui permettait implicitement de faire de la figure de l’individu une évidence indiscutable. C’est à partir de l’expérience du « je » que le monde extérieur émerge pour l’individu occidental. Convaincu que ce « je » est la pierre angulaire qui donne sens à l’ensemble de l’existant, il est loin de soupçonner que cette sacro-sainte figure du « moi » n’est en réalité que le pur produit d’une construction historique, culturelle mais aussi militaire et économique.
« Retour de l’exil »
À l’heure où le paradigme moderne arrive à un point de non-viabilité écologique et climatique, l’individu sent cette figure du sujet autonome et substantiel se dérober sous ses pieds. Dans cet effondrement, l’« homme » de l’humanisme comprend qu’il ne peut plus penser et agir comme s’il était séparé du vivant, des territoires et des écosystèmes auxquels il n’a en réalité jamais cessé d’appartenir. Ce que nous avons précédemment présenté sous l’image du « retour de l’exil » désigne l’épilogue de cette ontologie fondée sur une séparation absolue entre l’humain et le monde sensible.
L’éclatement de la dyade individu-monde ne relève pas d’un simple récit. Elle incarne une réalité objective marquée par l’expérience de notre impuissance. Si on ne peut plus agir comme avant, comment dès lors affronter la destruction qui s’attaque aujourd’hui au vivant et à la culture ?
Renoncer à la pensée en termes de solution
Selon nous, la réponse ne passe pas par la construction d’un nouveau sujet « augmenté » par la technologie qui serait capable de reprendre le contrôle des processus. Assumer la complexité exige au contraire que nous renoncions à la pensée en termes de solution, car la « solution » fait désormais partie du problème. Comment dès lors agir ou non agir pour permettre l’action en situation ? De quelle façon concevoir une pensée et un agir incorporés organiquement aux écosystèmes ? Que signifie penser depuis la place du vivant et de la multiplicité et non depuis celle de cette fiction d’un homme autonome, habitant les seules dimensions symboliques ?
Autant de questions que nous aborderons au cours de ce séminaire qui veut autant un lieu de théorisation et que de production de pratiques. On invite ainsi les participants à une « écoute active ». Autrement dit, il leur est proposé d’articuler le contenu du séminaire avec leurs réalités et difficultés concrètes, que ce soit dans leur travail ou dans leurs liens sociaux. Nous demandons, avant et pendant chaque séance, que celles et ceux intéressés par cette invitation nous fassent parvenir leurs éventuelles questions, demandes et propositions afin de nous permettre de développer un processus de travail collectif.