Le retour des inégalités “naturelles”

Il y a, premièrement, les inégalités liés à un traitement inégal des individus dans une société de classes. Elles reposent sur une croyance en une hiérarchie naturelle entre les individus de sang noble, et ceux qui n’en sont pas. Ces inégalités ont été, au moins formellement, disqualifiées par la Modernité. Depuis la Révolution Française, il est inscrit dans nos principes que “tous les hommes naissent libres et égaux en droit”. Les systèmes scolaires de la Modernité ont été construits sur ce principe d’une égalité de droit à accéder à la formation – même si de fait, ce n’est que dans la deuxième moitié du XXème siècle que l’école dite “unique” devient un projet concret et que disparaît l’école “à deux vitesses” : une école pour les paysans et les prolétaires, et une autre pour les bourgeois.Lire la suite

Une nouvelle radicalité 

Une des préoccupations principales des gens qui aujourd’hui s’inquiètent du devenir de nos sociétés, réside dans le constat de l’évidente caducité des formes classiques d’organisation, celles des partis et grandes organisations politiques confondus avec les différentes « avant-gardes ». C’est comme si, face à un monde de plus en plus inquiétant, la société ne sécrétait plus ce qui fut sa défense naturelle : les avant-gardes politiques et culturelles.

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Les « porteurs de troubles mentaux » : une question de mots ?

Lorsque nous avons, au Ceara, avec les membres du futur réseau international d’Universités populaires et Laboratoires sociaux (les Drs Marluce Oliveira et Arminda Rodrigues, de l’institut Vandick Ponte, le Dr Henrique Figueiredo Carneiro, de l’UNIFOR, et les Drs Cleide Carneiro et Jackson Coehlo Sampaio, de l’UECE), rédigé le manifeste du réseau à venir, il nous est venue une petite controverse. Là où, avec Miguel Benasayag, nous parlions de maladie ou de souffrance psychique, ils préféraient quant à eux parler de « porteurs de troubles mentaux ».S’agit-il d’une simple question de mots ou de quelque chose de plus profond ?

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Pas de solution : la seule voie de sortie…

Le mythe de la « croissance » et du « développement » véhicule des images identificatoires très claires de la vie bonne : avoir un bel appartement ou une jolie maison (chauffé(e) bien entendu, et équipé(e) de tout le confort ménager et « électro-ménager », dans un bel endroit et avec de l’espace), manger de bonnes choses (et surtout de tout à tout moment), s’habiller bien, c’est-à-dire à la mode (qui change tous les ans), pouvoir regarder la télévision (beaucoup), « chatter » sur internet (beaucoup aussi), être joignable (à tout moment) sur son téléphone portable, avoir des activités culturelles et faire des sorties culturelles variées (en fonction de nos goûts), pouvoir se promener et/ou séjourner dans de beaux sites tout à la fois « naturels » et aménagés pour le confort de chacun, recevoir ses amis, faire la « fête », voyager quand on le souhaite (et pour aller si possible dans des endroits très éloignés et très exotiques)… sans oublier la possession d’une voiture individuelle, l’existence de transports publics pour tous desservant très bien les différents lieux de France, des marchés, « supermarchés » et autre galeries marchandes en même temps commodes d’accès et agréables pour faire ses courses, des prix peu élevés, un gros « pouvoir d’achat » (un bon salaire donc), un travail qui nous évite de trop bouger de chez soi…

Au « compañero » Félix

felix guattariAu compañero car un compañero est celui que nous rencontrons avec nos tribus dans des lieux erratiques et mystérieux de ce monde aux mille dimensions, à la profondeur infinie, au-delà de ce que les sédentaires de toutes les nations et de tous les peuples, ne voient pas ou ne veulent pas voir. Au compañero et non au camarade, camarade qui implique toujours une fausse tiédeur et qui se complaît dans l’arrêt définitif, la sédentarisation des idées, la cristallisation des images, la raison d’état. Libérateur-dictateur, au nom du bien de ceux qu’il opprime.

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Solidarité, l’inévitable impuissance

 Nous vivons ce que l’on peut appeler une époque triste, si par tristesse nous entendons ce que recouvraient les « passions tristes » telles que les décrivait Spinoza, parmi lesquelles la mélancolie, la crainte, le désespoir, l’envie, etc., qui nous empêchent d’agir d’après notre puissance. La réalité devient ainsi de plus en plus « virtuelle », les hommes et les femmes se sentent au quotidien impuissants pour changer leur vie, impuissance et tristesse constituant un véritable cercle vicieux qui s’auto-alimente. Petit à petit, nous perdons pied dans ce qu’il faut pourtant bien appeler « notre vie », notre quotidien subit un processus de déréalisation et nous devenons alors dans cette société du spectacle et de la séparation les spectateurs passifs de notre propre vie.

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L’ a-communication, sens et référence

La langue et la question du réel Nous avons tenté de le montrer ailleurs 2, la langue est un des axes fondamentaux d’une « archéologie » du savoir (au sens de Michel Foucault). Aujourd’hui, le concept de « communication » est fort prisé, de même que l’assimilation de la langue à un « outil de communication ». Pour notre part, si nous situons la langue comme le phénomène fondateur de l’aventure humaine, c’est justement, à l’inverse, en raison de sa dimension de non-communication : nous pourrions la définir comme un ensemble signifiant, ou le « trésor des signifiants ».

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Alors, heureux ?

Quand il s’agit de commencer un texte autour de l’idée de « bonheur « , en psychiatrie et psychanalyse, la première chose que nous sentons c’est une espèce d’abîme, abîme dû à l’énormité d’un tel sujet qui constitue aujourd’hui un des thèmes, à mon avis, centraux dans toute perspective alternative de la psychiatrie, ainsi que dans tout regard que la psychanalyse pourrait structurer autour de son rôle dans le champ social. Le plus simple sera donc de procéder par • « collage » c’est à dire d’avancer une série de pistes plus ou moins ordonnées, en attendant qu’elle puissent former un petit tout de ce que j’essayerais de dire.

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Le « vivre avec » : concept et projet

Si nous pouvons identifier un courant, une tendance dominante dans nos sociétés industrielles, c’est bien celle du devenir réducteur vers un modèle unique. Il apparaît de plus en plus clairement que les sociétés des pays centraux produisent un modèle unique d’homme, de femme, de mode de vie, bref, un modèle de la façon dont on peut, et surtout dont on doit, être heureux. Et par la suite, ce modèle, ces images identificatoires, grâce à cette énorme machine communicationnelle que sont les mass-médias, se verront véhiculés dans le monde entier.

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Crise de la société, crise du travail social

Notre société traverse aujourd’hui une crise d’une telle ampleur que, désormais, peu d’individus se risquent à envisager une issue favorable ou espèrent que la situation évolue dans le « bon sens ». Le fait marquant de cette crise est qu’elle touche tous les domaines de la vie, y compris ceux qui, pendant longtemps, sont apparus les plus stables. Nous vivons dans un monde d’incertitude, dont les bases sont craquelées et constamment remises en cause. La seule certitude désormais est qu’il n’y a plus de certitude…

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Le Tiers-état et le Tiers-monde

Le pouvoir néolibéral a réussi ce tour de force qui consiste à culpabiliser les chômeurs, les sans-toit et les « exclus » en tous genres au sujet de leur état de misère. C’est la honte qu’on voyait d’abord chez eux, qui sont pourtant la meilleure réussite du néolibéralisme… Dans une société où être pauvre est une honte, à la misère économique s’est ajoutée la misère psychologique due à l’opprobre qui en découlait.

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