Le retour des inégalités “naturelles”

Il y a, premièrement, les inégalités liés à un traitement inégal des individus dans une société de classes. Elles reposent sur une croyance en une hiérarchie naturelle entre les individus de sang noble, et ceux qui n’en sont pas. Ces inégalités ont été, au moins formellement, disqualifiées par la Modernité. Depuis la Révolution Française, il est inscrit dans nos principes que “tous les hommes naissent libres et égaux en droit”. Les systèmes scolaires de la Modernité ont été construits sur ce principe d’une égalité de droit à accéder à la formation – même si de fait, ce n’est que dans la deuxième moitié du XXème siècle que l’école dite “unique” devient un projet concret et que disparaît l’école “à deux vitesses” : une école pour les paysans et les prolétaires, et une autre pour les bourgeois.Lire la suite

Un « savoir biodégradable » ou comment l’informatique devient le paradigme de l’apprentissage

Au mot de « compétence », je n’avais jamais, en tant qu’enseignante, été sensible autrement qu’à un mot du langage courant signifiant la possession d’un savoir faire précis… Jusqu’à ce que je découvre que l’« approche par compétences » (« APC » pour les intimes), promue par des organismes internationaux comme OCDE, avait réformé les contenus de nombreux systèmes éducatifs. Jusqu’à ce que découvre aussi que le mot de compétence, dans cette approche, avait le sens contraire du langage courant.

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L’école des compétences : en sortir ?

L’école n’échappe pas à son temps. Elle a beau être, comme beaucoup s’en plaignent, “en retard sur son temps”, inadaptée aux jeunes “d’aujourd’hui” ainsi qu’aux exigences du monde du travail, ceci ne change rien au fait que l’école soit, même si de façon “inadaptée”, impactée par les changements sociaux entraînés par le mode de production actuel.

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Le rouleau compresseur des « compétences » dans l’éducation

La crise économique, historique et culturelle qui traverse nos sociétés, sous des modes et formes différentes, structure un paysage de menace autour de l’institution scolaire et des pratiques éducatives. Une subjectivité et un ensemble de politiques de l’immédiat disciplinent et formatent le champ pédagogique actuel. La pédagogie qu’on nous impose se veut exercice de développement d’armes pour la vie et le sens de l’humain à éduquer tend à devenir celui d’un homme sans qualités sur lequel l’éducateur est convié à coller des « compétences clés » pour une réussite dans la vie essentiellement définie par le critère de l’employabilité. Dans cette « nouvelle » école, on n’enseigne plus à l’être humain pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il vaut. La connaissance n’a de valeur que si elle répond aux besoins du marché, si on peut lui accorder une valeur marchande.

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The steal roller of « competencies » in education

The economic, historical and cultural crisis which is now confronting our societies in different forms and modes is creating a menacing landscape around scholarly institutions and educational practices. A certain subjectivity and a politics of the immediate control and give shape to current pedagogical practices. The pedagogy which is being imposed on us seeks the development of “tools” for life and the idea of a human being to educate tends to become one of a “man without qualities” upon which the educator is expected to glue “key competencies” which will lead to success in a life which is essentially defined by the criterion of “employability.” In this “new school” we no longer teach what it means to be human, but rather how much things are worth. Knowledge has no value except in response to the needs of the market, if it is possible to establish such a value.

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Quand l’évaluation par compétences s’applique aux enseignants

Apparue dans les textes réglementaires en 2006 (arrêté du 19 décembre), la liste des dix compétences que doit avoir acquis l’enseignant lors de sa formation n’a alors pas fait de bruit : il est vrai qu’elle ne faisait pas encore l’objet d’une épreuve aux concours de recrutement. Puis, c’est arrivé, pour certains concours, les professeurs des écoles, d’histoire géographie ou encore de sciences économiques et sociales étant appelés depuis 2007 à passer une épreuve obligatoire de validation de la compétence n°1 : « agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable ». Puis, l’épreuve s’est généralisée à tous les concours de recrutement, et c’est alors que la polémique a fait surface, certains membres du jury de l’agrégation externe de philosophie menaçant même de se démettre si cette épreuve n’était pas supprimée [1].

Réflexions sur la classe préparatoire

Donatien et Lubna sont deux anciens élèves de « classes prépa ». Au moment où ils écrivent ce texte, ils viennent de terminer leur année d’« hypokhâgne » et s’apprêtent à quitter le célèbre système de sélection des élites françaises pour rejoindre les bancs de la faculté : pour Lubna, ce sera la fac de « ciné », et pour Donatien, celle de « philo ». Mais avant de changer de système, Donatien a fait part à son ancienne prof de philo de leur désir de mettre par écrit leurs réflexions sur l’année qui vient de se dérouler.

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