Cavafis: « Ithaque »

Cavafis: « Ithaque »

Lorsque tu mettras le cap sur Ithaque,
fais de sorte que ton voyage soit long,
plein d’aventures et d’expériences.
Les Lestrygons et les Cyclopes,
et la colère de Poséidon ne crains,
ils ne se trouveront point sur ton chemin
si ta pensée reste élevée, si une émotion de qualité
envahit ton esprit et ton corps. Lestrygons Cyclopes,
et la fureur de Poséidon tu n’auras à affronter
que si tu les portes en toi,
si c’est ton âme qui les dresse devant toi.

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Repenser notre relation au vivant avec Baptiste Morizot

A lire cet interview de Baptiste Morizot, philosophe et chercheur français, réalisé sur « Libération » par Coralie Schaub. Ses recherches s’inscrivent dans le cadre de la philosophie de l’animal et de la philosophie du vivant. Auteur, entre autres, de « Les diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant » (Wildproject, 2016), « Sur la piste animale » (Actes Sud, 2018) et « Manières d’etre vivant. Enquetes sur la vie à travers nous » (Actes Sud, 2020), Morizot essaie de repenser notre place au sein de la planète et notre relation au vivant.

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Un autre sens pour la ‘’menace’’ par temps de pandémie.

« l’humanité entière produit une image de la menace »

Extrait du « Manifeste par des temps de pandémie », Collectif Malgré Tout.

C’est en effet par le retour des corps que la menace se donne à voir. Ces corps que l’hyper-modernité a cru pouvoir dépasser ou circonscrire au seul rôle de support, non plus à l’esprit ou à l’âme, mais à une conscience algorithmique faite d’éléments d’information. Dans ce paradigme l’action est le fait de « décideurs », non pas les citoyens électrices et électeurs, mais de ceux qui maîtrisent et orientent les « unités d’information » et en gèrent les flux. Soudain celles et ceux qui agissent aujourd’hui sont celles et ceux qui « mettent » le corps, qui l’exposent, l’action est redevenue l’apanage des corps qui agissent. Et l’image de la menace jaillit simultanément des corps qui pâtissent. C’est cette simultanéité qui ré-inscrit chacun, chacune de nous dans un processus auquel le temps présent demande de donner un sens, et c’est peut être le moment favorable, le kairŏs des Grecs anciens, pour redéfinir une « cosmologie ».

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Eloge du bricolage par temps de confinement (ceci n’est pas un tutoriel)

Par Fanny Lederlin, ex-communicante en reconversion, doctorante en philosophie.

La crise sanitaire qui touche la quasi-totalité de la population humaine est l’occasion inattendue d’un questionnement collectif sur la place et sur les modalités actuelles du travail dans nos sociétés. En effet, parce qu’elle provoque un arrêt de travail planétaire dans certains secteurs de l’économie (les transports, le tourisme, la restauration, etc.), parce qu’elle révèle l’importance vitale de travailleurs jusqu’ici ignorés et parfois même méprisés – des personnels soignants aux agents d’entretien, en passant par les professeurs, les manutentionnaires, les hôtesses de caisse, les personnels d’Ephad, les agents communaux ou les livreurs -, mais aussi parce qu’elle impose brusquement à des millions de travailleurs l’expérimentation du télétravail[1] à haute dose, la crise du Covid-19 met au jour certaines caractéristiques du travail contemporain. Ainsi, l’absurdité de certains de nos modes de déplacement et de consommation, les inégalités entre les travailleurs (inégalités salariales, inégalités de conditions, inégalités face au droit, inégalité en matière de reconnaissance sociale), mais aussi l’aliénation du télétravail (combien ont ressenti, au cours des derniers jours, un sentiment de fatigue ou d’asphyxie devant l’invasion, par les appels et les viso-conférences, de l’intégralité de leur espace domestique ?), tous ces phénomènes nous sont apparus dans leur brutale clarté.

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